♣ Agora (2010) ♣
Liberté Avec Hypatie (Affiche espagnole)
Année de production : 2008.
Date de sortie cinéma : 6 janvier 2010 (en France).
Film disponible en DVD depuis le : 16 juin 2010.
Réalisé par
Alejandro AmenábarProduit par
Fernando Bovira, Alvaro Augustin.
Écrit par
Alejandro Amenábar, Mateo Gil.
Costumes par
Gabriella Pescucci.
Long-métrage
espagnol, américain.
Genre : Biopic, péplum "philosophique".
Récompenses : Présenté en avant-première au festival de Cannes 2009 en hors-compétition, catégorie "un certain regard".
Passion Avec Davus (Affiche espagnole)
CastingRachel Weisz (Hypatie)
Max Minghella (Davus)
Oscar Isaac (Oreste)
Ashraf Barhom (Ammonius)
Rupert Evans (Synesius)
Michael Lonsdale (Thén)
Homayoun Ershadi (Aspasius)
Sammy Samir (Cyril)
Richard Durden (Olympius)
Omar Mostafa (Isidorus)
Quelle est l'époque historique concernée ? L'action se déroule à Alexandrie alors sous domination romaine au IVe siècle après Jésus-Christ. L'empire romain s'écroule peu à peu, rongé de l'intérieur. Oreste, préfet de la ville, incarne bien l'effritement de ce pouvoir. Prennent place des personnages historiques tels qu'Hypatie d'Alexandrie, philosophe et astronome, Oreste, le préfet de la ville et Cyrille, évêque et futur saint de l'Eglise catholique...
Est-ce une adaptation fidèle de l'histoire ? Le film est d'un grand réalisme. Les conflits inter-religieux sont bien des caractéristiques de cette période. Quant aux personnages, le réalisateur avait une assez grande liberté pour les traiter car on connaît peu de choses sur eux. Les éléments que l'on possède sur eux ont été respectés. Hypatie est bien morte dans des circonstances tragiques et Oreste et Cyrille se sont bien affrontés pour le pouvoir.
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A lirePouvoir Avec Oreste (Affiche espagnole)
Résumé :
IVe siècle après Jésus-Christ. L'Egypte est sous domination romaine. A Alexandrie, la révolte des Chrétiens gronde. Réfugiée dans la Grande Bibliothèque, désormais menacée par la colère des insurgés, la brillante astronome Hypatie tente de préserver les connaissances accumulées depuis des siècles, avec l'aide de ses disciples. Parmi eux, deux hommes se disputent l'amour d'Hypatie : Oreste et le jeune esclave Davus, déchiré entre ses sentiments et la perspective d'être affranchi s'il accepte de rejoindre les Chrétiens, de plus en plus puissants...
Les moments marquants :
La destruction de la bibliothèque d'Alexandrie par une foule chrétienne déchaînée alors qu'Hypatie a tenté en vain de la sauver.
Le discours de Cyrille alors qu'il découvre l'assassinat de chrétiens par les juifs. Une résonnance particulièrement moderne.
La tentative ratée de convaincre Hypatie de se faire chrétienne.
Les scènes où la caméra prend de la hauteur, nous laissant voir les humains aussi petits que des fourmis.
Lorsque Cyrille demande à Oreste de s'agenouiller devant la Bible dans laquelle il vient de lire que "toute femme est une sorcière", Oreste refuse, devant tout le peuple d'Alexandrie.
Ils ont dit dans ce film :
HYPATIE : "Je ne crois en rien, je doute".
HYPATIE : "Tu ne mets pas en question ce que tu crois. Moi je le dois".
HYPATIE (tentant de convaincre le pouvoir d'arrêter Cyrille) : "Si vous choisissez de ne rien faire, il continuera ses exactions encore et encore jusqu'à ce que la cité soit vide, sans personne à gouverner".
Ambition Avec Cyrille (Affiche espagnole)
CRITIQUEVotre avis :
Ne vous fiez pas au résumé ! Agora est loin d'avoir d'être une romance fleur bleue. De toute façon, il ne peut y avoir d'histoire d'amour car la belle et intelligente Hypatie le refuse et ce, dès le début du film au grand désespoir de son prétendant, son élève Oreste. Non, Agora n'est pas une bluette mais un magnifique et solide film historique qui repose sur un thème inhérent à l'homme : la violence et le fanatisme. Toutes les religions y prennent pour leur grade c'est-à-dire les trois qui se disputent la place à Alexandrie au IVe siècle : le paganisme, le judaïsme et la nouvelle secte au succès foudroyant, le christianisme. Contrairement à des critiques que j'ai lues sur Internet, le réalisateur ne fait pas preuve de son anti-christianisme ou de son pro-judaïsme. Tous les religieux, quel qu'ils soient, tiennent des discours haineux et se massacrent allégrement entre eux. La seule position valable semble être celle d'Hypatie, l'agnostique qui déclare "Je ne crois en rien, je doute" à ceux qui veulent la faire chrétienne. Naïve Hypatie ! Loin des conflits religieux qui secouent la cité, sa seule préoccupation est de défendre les livres de la bibliothèque d'Alexandrie (ce sera un échec) et de découvrir enfin la place de la terre dans l'univers. Femme dans un univers d'homme, son seul salut est sa solitude : pas de place pour l'amour ou le mariage. Elle ne peut être subordonnée à un homme. Tout bascule finalement lorsque la religion devient politique et que les discours religieux déjà fanatiques deviennent des appels au meurtre des modérés. Cyrille fait froid dans le dos. Il sera pourtant canonisé.
Ce que je retiens de ce film, c'est la magnifique prestation des acteurs qui interprétent des personnages fascinants même dans leurs défauts (l'inconscience d'Hypatie, la lâcheté d'Oreste, l'incroyable ambition de Cyrille, l'embrigadement de Davus), les décors et les costumes splendides et les plans originaux du réalisateur. C'est le fait que la recherche du pouvoir et de la puissance (car finalement c'est ce qui se cache derrière tous les discours de haine) corrompt inexorablement et conduit l'homme aux pires bassesses.
Seul défaut, le trop-plein de tueries jusqu'à l'écoeurement. C'est le but du film certes.
Excellente critique à découvrir
iciNombre d'étoiles : ★★★★☆
Ils ont dit de ce film :
"J’ai été happé dès l’ouverture, fascinante errance à travers les étoiles. La suite est un bijou de faux-classicisme, résolument moderne pour un film en costumes, bourré d’idées de mise en scène et de plans novateurs. Ici la caméra se retourne sous le dôme de la bibliothèque, renversant ciel et sol. Ici la charge entre chrétiens et impies, filmée de cinquante mètres au-dessus de leurs têtes, nous afflige du spectacle de ses fourmis grouillantes et irréfléchies. C’est là la force du film : se placer à cet âge d’or de la civilisation et renvoyer ses limites (asservissement des esclaves, misogynie) aux nôtres. A travers des dialogues d’une intelligence et d’une réflexion rare, sans jamais tomber dans le théâtre filmé (Alejandro Amenabar est un cinéaste pur et dur), capable de disserter pendant des tirades passionnantes sur la religion, la condition humaine et sa cruauté. Sans jamais oublier d’inscrire une histoire dans l’Histoire, une intrigue sur deux époques qui prend aux tripes et ne lâche jamais la bride, fonçant à travers les corps et les esprits jusqu’à un final insoutenable, barbare au sens premier du terme".
The Mainstream Club"Fresque postmoderniste gonflée, Agora convoque des références écrasantes (Kubrick, Anthony Mann, Ben-Hur), propose une réflexion substantielle sur la liberté de pensée et emballe le tout dans une histoire pleine de bruit, de discours et de fureur. Plus dense et plus puissant que n’importe quel drame en costume vu récemment, le film s’interroge sur l’opposition entre raison et sentiments, savoir et intolérance, religion et pyrrhonisme. Certes, le drame intime n’est pas toujours à la hauteur du moment historique. L’essentiel reste qu’à travers cette page d’histoire, le film, lyrique, viscéral, ne parle finalement que du monde contemporain en racontant comment une civilisation stable et raffinée se meurt, rongée par le fanatisme" Gael Golhen,
Première.
"Agora est un péplum intellectuel. Cette aspiration donne au film un rythme étrange, qui tente de concilier le débat et les combats, le dialogue et le spectacle. Le résultat est gauche souvent, mais presque toujours intéressant. On croirait avoir découvert un livre dans une brocante, sans arriver à deviner s'il s'agit d'un manifeste philosophique, d'une version à rebours de Quo Vadis ou d'un canular. L'artifice inhérent au péplum est omniprésent, et le réalisateur l'assume crânement. Il recourt sans vergogne aux effets numériques, faisant déclamer ses dialogues dans un anglais accentué qui ne choque pas tant que ça dans les rues d'une métropole cosmopolite" Thomas Sotinel,
Le Monde.
Pourquoi faut-il voir (ou ne pas voir) ce film ?
Il faut voir ce film car il est dérangeant. On ressort deux heures plus tard du cinéma avec une sensation de trop-plein de scènes de massacres et de tueries. Mais le film continue à vous trotter dans la tête des jours et des jours durant. Car on peut rester insensible à cette violence inhérente à l'homme. Et on est obligé de se dire que IVe siècle ou notre époque, rien n'a vraiment changé. Une grande leçon sur nous-mêmes.
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