La princesse de Montpensier (2010)
Année de production : 2010.
Date de sortie cinéma : 3 novembre 2010.
Film disponible en DVD depuis le : /
Réalisé par
Bertrand TavernierÉcrit par
Jean Cosmos, François-Olivier Rousseau, Bertrand Tavernier d'après la nouvelle éponyme de Madame de La FayetteLong-métrage
françaisGenre : Adaptation d'un nouvelle de Mme de La Fayette (1662).
Récompenses : En compétition au festival de Cannes 2010.
CastingMélanie Thierry : Marie d'Anjou, marquise de Mézières, princesse de Montpensier
Gaspard Ulliel : Henri de Lorraine, duc de Guise
Grégoire Leprince-Ringuet : Philippe de Bourbon, prince de Montpensier
Raphaël Personnaz : le prince Henri de France, duc d'Anjou
Lambert Wilson : le Comte François de Chabannes
Michel Vuillermoz : Le duc de Montpensier
Judith Chemla : Catherine de Guise, duchesse de Montpensier
Quelle est l'époque historique concernée ? L'intrigue se situe en pleine guerre des religions en France (de la fin de la première guerre me semble-t-il au massacre de la St-Barthélemy soit 1572). Les personnages sont tous ou presque historiques et on suit les péripéties des chefs du parti catholique (Guise) ou encore celles de la cour (Henri d'Anjou).
Est-ce une adaptation fidèle de l'histoire ? N'ayant pas lu la nouvelle de Mme de La Fayette, j'ignore si le film lui est fidèle. A un niveau historique, malgré quelques détails anachroniques, l'ensemble et l'ambiance me semblent plutôt réalistes. Un Henri d'Anjou qui est, pour la première fois, représenté tel qu'il pouvait être. Par contre, Catherine de Médicis est un concentré ridicule de préjugés et d'idées reçues.
Résumé :
1562, la France est sous le règne de Charles IX, les guerres de religion font rage…
Depuis son plus jeune âge, Marie de Mézières aime Henri, Duc de Guise. Elle est contrainte par son père d’épouser le Prince de Montpensier. Son mari, appelé par Charles IX à rejoindre les princes dans leur guerre contre les protestants, la laisse en compagnie de son précepteur, le Comte de Chabannes, loin du monde, au château de Champigny.
Elle tente en vain d’y oublier sa passion pour Guise, mais devient malgré elle l’enjeu de passions rivales et violentes auxquelles vient aussi se mêler le Duc d’Anjou, futur Henri III.
Les moments marquants :
- Le mariage et la nuit de noces de Marie.
- Le cruel face à face final avec Guise.
CRITIQUEVotre avis : (écrit sur le coup)
- Spoiler:
Mon sentiment général en sortant de la séance ce n’est pas vraiment de la déception, plutôt de la frustration. Il faut dire qu'il y avait grand risque pour que le film me déplaise étant donné que la période des guerres de religion est ma préférée et qu’il y avait foule de personnages historiques que j’attendais au tournant. Du coup, j’ai été plutôt déçue de ce côté-là : le fond historique a été plutôt relégué en arrière plan des mésaventures sentimentales fades de notre héroïne, Marie, ce qui est bien dommage car il y avait de quoi transformer ce film en véritable tragédie politique et historique. Les évènements des guerres de religion sont aussi un peu amenés comme un cheveu sur le soupe. Je fais allusion au massacre de la Saint-Barthélemy. Heureusement que j’étais au courant que ça allait arriver et que j’ai vu Guise se balader dans le coin pendant la scène car sinon on ne sait pas trop ce qui est en train de se passer. D’autant qu’aucun signe avant coureur n’est montré (mais où se cachent les protestants dans ce film ? Coligny, Condé, Navarre ?). Je n’imaginais pas les batailles comme ça non plus (je sais qu’ils se connaissent vaguement entre eux, mais enfin comment est-ce qu’ils arrivent à reconnaître le méchant du gentil sur le champ de bataille ?). Sinon j’ai trouvé la trame plutôt réaliste à défaut d’être suffisamment fouillée pour me satisfaire. Malgré des petits détails qui m’ont hérissée (brièvement) comme la balafre d’Henri de Guise qu’il n’acquiert qu’en 1575 à Dormans ou le catholique qui se dit lui-même « papiste » alors que c’était le petit nom pas sympa que les protestants donnaient aux catholiques, j’ai été plutôt convaincue. J’ai été contente de retrouver des personnages méconnus mais tellement importants pour la période comme le cardinal de Lorraine (qui est un peu pâlot quand même), Mayenne et sa sœur Catherine (j’avoue que j’espérais presque faire un saut dans le temps pour la voir avec ses ciseaux dans Paris à vouloir assassiner Henri III ^^). Mention spéciale à Henri d’Anjou, pour une fois assez réaliste et charismatique, qui apporte aussi une touche d’humour (ah, les leçons de polonais…). Seul déception : sa participation un peu absurde à l’intrigue générale car il tente de détacher Marie de Guise pour son profit et n’en profite pas. D’autant qu’on sait que le vrai Henri d’Anjou était plus attaché à une certaine Marie de Clèves, épouse d’un Condé. Guise n’est pas trop mal non plus. Par contre, Catherine de Médicis est complètement ridicule : pourquoi est-ce qu’ils lui ont ressorti son foutu accent italien ? Ça fait plus de 40 ans que la reine est à la cour de France mais on a l’impression qu’elle vient de débarquer d’Italie avec un accent à couper au couteau et la moitié de son dialogue en italien. Il est prouvé pourtant qu’elle parlait un français excellent. Chabannes m’a agacée avec son angélisme « oh là là, mais on se tue au nom du même Dieu ». Non sans blague ! Le personnage du mari est vraiment pathétique, dommage que l’acteur ne soit pas à la hauteur et qu’il donne parfois l’impression de réciter son texte. Quant à Marie, finalement je ne l’ai pas trop trouvée tête à claques car après tout, elle subit plus qu’autre chose et reste fidèle à son amour. Mais par contre, je l’ai trouvée assez insipide et égoïste. On ne parvient pas à s'attacher à elle. Si elle montre sa force de caractère dans certains passages, de manière générale cette fille et ses problèmes sentimentaux m’ont plutôt ennuyée. Mais c’est plus dû à l’histoire (et donc à madame de La Fayette) qu’au film en lui-même. Excepté le mari, les acteurs sont très bons. Mention spéciale à Raphaël Personnaz très convaincant en Anjou et aux papas de Marie et Philippe de Montpensier qui apportent une touche d’humour (ils sont tellement bêtes !).
Les costumes, décors et musique sont biens choisis et agréables à regarder/écouter. Un point positif !
En résumé, il manque un petit truc pour que ce bon film soit une belle et grande tragédie, celui d’une femme qui se livre à son amour (ah, la phrase cruelle de Guise !). Je pense qu’une plongée plus radicale dans les tourments des guerres auraient pu le permettre. Si on ne tombe pas pour autant dans la bluette romantique (je n’ai pas réussi à m’attacher au couple Henri de Guise/Marie de toute manière), on reste beaucoup sur sa faim.
Nombre d'étoiles : ★★☆☆☆
Ils ont dit de ce film :
Dans le texte originel, on se souciait moins de sentiments et plus de dignité, c'était mieux. (Libération)
Malédiction du label " Maurice Druon présente " : pas facile de s'intéresser à une scène de repas quand tout le casting autour de la table est occupé à rappeler qu'au XVIème on mangeait avec les doigts, pas facile d'écouter ce qui se dit quand la moindre paire de rideaux concourt au César du meilleur acteur (Chronic'art.com)
L'air frais visé laisse place à une miniature sous cloche et sous vide où le mélo, les sentiments flamboyants et les batailles sont lyophilisés. (Les Inrocks)
Il manque à cette "Princesse de Montpensier" soit la rigueur formelle qui la transformerait en une véritable tragédie, soit la fougue et la fantaisie qui en feraient une oeuvre pleinement romanesque et populaire. (Critikat.com)
Le réalisateur enrôle une pléiade de jeunes acteurs – la bonne idée du film –, traite l'histoire sans gourme, c'est-à-dire en y injectant ce qu'il faut de modernité, filme au corps à corps les champs de bataille ou les appétits nus et tient le pari de conjuguer l'épique et le lyrisme. (TéléCinéObs)
L'assemblage est baroque, souvent instable, mais porté par ce qui fit justement le malheur de la princesse : le désir. (Le Monde).
Tavernier se fait fin portraitiste - son pinceau n'appuie pas. (...) Servi par des dialogues vifs et épurés (...), il redonne toutes ses lettres de noblesse au classicisme, littéraire comme cinématographique. (Télérama)
Bertrand Tavernier nous sert un plaisir royal. Le cinéaste retrouve la fougue de "Que la fête commence" et la violence de "Capitaine Conan" pour un récit haut en couleur où les dialogues sont aussi aiguisés que des dagues. (JDD).
La beauté des images, des costumes, le plaisir d'un romanesque dépoussiéré, d'une troupe d'acteurs inspirée, de seconds rôles épatants ah, Magnan et Vuillermoz ! , tout cela concourt à faire de " la Princesse de Montpensier " un film ambitieux et poignant. (Le Parisien)
Le film s'impose comme un vrai spectacle populaire, épique et profondément honnête, filmé par un des derniers vrais amoureux du cinéma et rythmé par la flamboyante partition d'un Philippe Sarde complètement habité. (Brazil)
Pourquoi faut-il voir (ou ne pas voir) ce film ?
Une seule raison s'impose : Raphael Personnaz en duc d'Anjou. Sinon il est évident qu'on passe un bon moment (bien qu'un peu longuet) grâce à l'esthétique du film.
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